Lettre d'un ancien élève à son lycée

Madame la Directrice,

Ayant été élève dans votre école de 1999 à 2012, je vous écris pour vous faire part de mon expérience scolaire dans l'espoir que mon témoignage puisse améliorer la situation d'autres élèves comme moi.

En effet, à 20 ans, deux ans après mon baccalauréat, j'ai été diagnostiqué avec le sydrome d'Asperger par la Fondation Autisme Luxembourg. Ce syndrome, appelé aussi "autisme de haut niveau" (high functionning autism en anglais), constitue un handicap invisible pour tous les enfants et adolescents qui le portent, car il empêche l'intégration sociale avec leurs pairs et complique la communication avec les enseignants. Il est aussi à l'origine des problèmes de concentration et de participation aux cours.

Ainsi, depuis mon arrivée à l'école maternelle et jusqu'à la terminale, j'ai été victime de diverses formes de harcèlement, tout autant verbales que physiques, de la part des autres enfants que je côtoyais, en classe comme en récréation. En effet, j'ai subi des violences physiques et verbales de la part de certains de mes camarades de classe à l'insu voire à l'indifférence des enseignants. Pour tous les autres aussi, j'étais le "bizarre" de la classe et un objet de moqueries incessantes.

N'étant pas capable de déterminer l'origine de mes problèmes et donc me sentant moi-même coupable de ce qui m'arrivait, je n'osais pas en faire part à ma famille ou me plaindre auprès de mes professeurs. De ce fait, je me sentais isolé et livré à mon sort sans aucun soutien. De surcroît, les fois où ma mère a exprimé son inquiétude à mes professeurs n'ont abouti ni à une prise de conscience, ni à une intervention de leur part.

De même, mes difficultés en classe ont été interprétées par mes enseignants comme un manque de volonté de ma part. Lors des réunions parrents-élèves, j'étais toujours décrit comme "distrait", "indifférent", "mal organisé", "immature". Pour ce qui me concerne, j'étais simplement en souffrance.

Ainsi, à la fin d'une scolarité traumatisante et inadaptée à mes besoins, j'ai connu deux ans de passage à vide durant lesquels je n'avais aucun repère dans le monde adulte que j'étais censé intégrer. Ce n'est qu'après le diagnostique et l'assistance de psychologues spécialisés de la Fondation Autisme Luxembourg et de l'association Autisme Luxembourg asbl que j'ai pu retrouver ma place dans la société.

J'ai aujourd'hui l'intention de devenir psychologue spécialisé afin d'aider les personnes qui sont en difficulté en raison de leurs différences.

C'est dans cette optique que je fais appel à vous, pour que ce handicap invisible soit mieux reconnu et pris en charge dans votre établissement, via, par exemple, une sensibilisation et une formation adaptée des enseignants. Cette sensibilisation irait dans le sens de l'initiative "KiVa, anti-bullying project" lancée par l'école. Pour plus d'informations, je vous invite dès lors à vous adresser à la Fondation Autisme Luxembourg, qui propose plusieurs conférences et formations à ce sujet.

Meilleures salutations,

Jason Efthymios AMBOULOU